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LA DIPHTONGUE eU DANS LES LANGUES LETTO-SLVAES. 63

gulier, le slave (éenà) garde encore a, chez lui représentant de l'a long, tandis que les lois qui régissent les sons du germanique et du lituanien commandaient d'abréger la voyelle finale : giba, niergà, sauf dans le got. so, gr. a. Sur le vocat. zeno v. p. 88.

A dans la diphtongue donne lieu à quelques remarques particulières.

Plusieurs savants ont nié qu'il y eût une diphtongue euro- péenne eu, en d'autres termes et en se plaçant au point de vue de l'unité originaire de l'a, qu'il y ait eu scindement de la diphtongue au en eu : aw à la même époque où dans toute autre position l'a s'était scindé en e : a. M. Bezzenberger (Die a-Reihe der gotischen Sprache, p. 34) prétend, ou plutôt mentionne, car, ajoute-t-il, il est à peine besoin de le dire expressément, que dans le présent goti- que kiusa pour *keusa = gr. YeOiJU, l'e de la première langue est sans lien historique avec l'e de la seconde. La raison de cette violente séparation de deux formes dont la congruité est aussi par- faite que possible? C'est que les idiomes letto-slaves n'ont pas de diphtongue eu, et que par conséquent la période européenne n'en pouvait point posséder non plus.

En général nous ne nous sommes posé aucune tâche relative- ment à l'e européen, le fait de son apparition concordante dans les différentes langues étant reconnu par les partisans de tous les sys- tèmes. Nous devons cependant nous occuper de l'e pour autant qu'on veut le mettre en rapport avec l'a et combattre les arguments qui tendraient à établir qu'à une époque quelconque l'e et l'a (i) ne faisaient qu'un. Evidemment l'origine récente de la diphton- gue eu, si elle se confirmait, rentrerait dans cette catégorie. D'autre part nous nous abstenons de poursuivre jusqu'au bout les consé- quences où M. Bezzenberger se verrait entraîné par le principe qu'il pose, parce que nous voulons éviter de subordonner à la question de l'eu celle de l'unité européenne ou celle du scindement de l'a. Disons donc tout de suite que l'absence de Veu dans les langues letto-slaves, sur laciuelle l'auteur se fonde, est révoquée en doute par M. Joh. Schmidt qui en signale des traces nombreuses ^..^.XXIII 348 seq. M. Schmidt regarde le paléosl. ju et le lit. iau comme étant dans certains cas des représentants de Veu (si. h{l)judq = got. hiuda, gr. TTeù^o|Liai ; lit ridugmi, gr. èpeùxuu). Depuis il est vrai, M. Bezzenberger a rompu une nouvelle lance pour la cause qu'il défend. Notre incompétence ne nous permet point de jugement; mais voici ce que nous tenons du moins à dire:

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