Page:Saussure - Recueil des publications scientifiques 1922.djvu/93

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fermée). Du reste le paradigme se répète partout où il y a une conjugaison de l’espèce qu’on appelle thématique. Dans ce paradigme, l’apparition de a.y est évidemment liée d’une manière ou d’une autre avec la nature de la consonne qui suit. V. Paul dans ses BeitrUgeW 401. On ne peut, vu la 3® pers. du pluriel, — à moins d’admettre que la désinence de cette personne fût à l’origine -mti — chercher dans le son labial la cause de la transformation. Il faudra l’attribuer aux sonantes, ou plus généralement peut-être aux sonores. C’est le seul cas où la substitution du phonème «2 au phonème a^ trouve son explication dans une action mécanique des sons avoisinants.

Dans la diphtongue de l’optatif, c’est «2 Q^i apparaît: le grec et le germanique sont les seuls idiomes qui donnent à ce sujet un témoignage positif, mais ce témoignage suffit: gr. è’xoiç, ëxoi, ëxoi|iev etc.; got. vigais, vigai, vigaima etc.

Devant le suffixe du participe en -mana ou -ma les langues européennes ont «2- E^- ^XÔ-MCVO-ç^, si. vezo-mû, lit. véèa-ma; le lat. vehimini ne décide rien. D’après le grec on attendait en sanskrit ^vâhâmana-» : nous trouvons vdhamâna. J’ai essayé ailleurs d’expliquer cette forme par un déplacement de la quantité (cf. pavâkâ pour pâvakd, çvdpâda pour çvdpaâa. Grassmann s. v.). Mais cette hypothèse, peu solide par elle-même, se heurte aux formes comme sasrmând. Nous nous en tiendrons à ces remarques-ci: 1° Quant au suffixe: il n’est pas identique au - jnevo du grec. Selon toute probabilité, il remonte à ma^na et se place à côté du boruss. po-klau- sïtnanas^ (Bopp, Gramm. Comp. Trad. IV 25); le zend -mana et le grec -^evo représentent -ma^na; le zend -mna nous donne une troisième forme, affaiblie. Il est difficile du reste de se représenter comment ces trois suffixes ont pu alterner dans l’indo-européen, et il est étrange que de deux idiomes aussi voisins que le zend et le sanskrit, le premier ignore complètement -ma^na, quand inversement, l’autre a perdu toute trace de -maiiia.^ 2° Quant à la voyelle thématique: quoiqu’elle soit brève, elle pourrait être «g. ainsi que le réclament et le phonème qui suit et le témoignage des langues européennes.

1. Le pamphylien PoX^^ievuç (PouXôiaevoç) appartient à un dialecte où iropTf est devenu TiepT-. Les formes nominales pAejuvov, T^peinvov etc. peuvent s’interpréter de différentes manières.

•2. Le gr. -laovri dans xopi^ovrî etc. n’est qu’une continuation relativement moderne du suff. -fiov, étrangère aux participes.

3. Les infinitifs indiens en -mane viennent de thèmes en -man.