Page:Sauvé - Lavarou koz a Vreiz-Izel, 1878.djvu/11

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AU LECTEUR.

Les documents que renferme le présent volume sont le résultat de douze années de recherches à travers les campagnes armoricaines, et principalement celles du Léon et de la Cornouaille. Maximes familières et enseignements pratiques, formules naïves, observations piquantes, ils représentent le côté philosophique de la littérature orale et traditionnelle de la Bretagne. C’est au foyer de la ferme, dans les entretiens du dimanche, ou les causeries du soir, pendant les longues veillées d’hiver, qu’ils ont été recueillis, pour le plus grand nombre. Les autres ont été glanés un peu partout, à l’aventure, dans la lande, sous bois, sur le chemin des pardons et jusque dans la barque des pêcheurs. Pâtres, laboureurs, marins, tisserands, meuniers, tailleurs, bêcherons, mendiants de tout âge et de toute misère ont, à mon appel, réveillé leurs souvenirs, et si je suis loin d’avoir épuisé les trésors de sapience du pays, je n’ai du moins négligé aucun soin pour en reconstituer, feuille à feuille, un exemplaire aussi complet que possible.

Je me contenterai d’indiquer brièvement la méthode que j’ai suivie. Le peuple breton est, à mes yeux, un palimpseste vivant. Rechercher, sous les textes modernes et souvent sans intérêt qui le surchargent, les traces de leçons anciennes qui apparaissent, ici, en caractères frustes, là, sans altération notable ; fixer ces caractères et les reproduire, sans y rien ajouter, sans en rien retrancher : telle est la tâche que je me suis imposée. Ce livre, comme on le voit, n’est point une anthologie, mais une simple collection de matériaux. En rassemblant ceux-ci, j’ai voulu qu’on pût les