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Page:Sauvé - Le Folk-Lore des Hautes-Vosges, 1889.djvu/274

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le mois de septembre

Ce foin a été fauché sur le lieu même où Notre-Seigneur a enduré sa passion. Sa Sainteté le Pape, qui connaît et apprécie vos sentiments religieux, a bien voulu me faire cet envoi en l’accompagnant de grâces particulières. Ainsi, cent jours d’indulgence sont accordés aux personnes qui mangeront de ce foin la longueur d’un doigt ; celles qui en avaleront un brin quatre fois plus long auront droit à une indulgence plénière.

« Empressez-vous, mes chers frères, de venir en réclamer. Après la messe on passera à l’offrande ; je me plais à croire que nul de vous ne se refusera à déposer son obole dans la sébile habituelle. Le produit de vos générosités sera versé dans la caisse de M. le curé de Gérardmer, qui se trouve, présentement, dans la plus grande nécessité. »

À cette sortie, le curé de Gérardmer, qui, depuis un instant déjà, bouillait dans sa stalle, ne put se retenir de rouler de gros yeux et de montrer le poing au prédicateur. Il aurait voulu mettre les Bressauds en défiance et les empêcher de tomber dans le piège qui leur était tendu, mais ceux-ci, trop occupés qu’ils étaient à boire, comme du lait doux, les paroles de leur pasteur, ne remarquèrent point ce geste de colère. La distribution a lieu. Personne ne manque de s’y rendre, on se dispute même les premières places. Les gros sous, les pièces blanches aussi tombent