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Page:Sauvé - Le Folk-Lore des Hautes-Vosges, 1889.djvu/273

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le mois de septembre

— Point, répondit le curé ainsi interpellé ; ils sont doux comme moutons, et simples tout autant. Tout ce que vous vous vantez d’avoir fait avaler à vos paroissiens n’est que pur enfantillage ; s’il me prenait fantaisie de faire manger du foin aux miens, ils en mangeraient bellement.

— Oh ! oh ! vous allez loin ! fit l’un de ses interlocuteurs, le vénérable curé de Gérardmer.

— Mais non, je ne dis rien dont je ne puisse faire la preuve.

— Impossible.

— Vous plairait-il de parier cent écus ?

— Va pour cent écus ! Je suis votre homme.

— C’est dit, venez dimanche et vous verrez merveille.

Au jour convenu, le curé de Gérardmer, curieux de savoir comment son confrère essaierait de se tirer d’affaire, arrive chez lui à l’heure de la grand’messe.

— Bonjour ! me voilà !

— Avec les cent écus ?

— Comment donc ?

Au moment du prône, le curé de La Bresse monte en chaire et tient à peu de chose près ce langage :

— « Mes chers frères, je viens de recevoir de Jérusalem une botte de foin, comme aucun de vous, ni jeune ni vieux, n’en a vu et n’en verra.