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Page:Sauvé - Le Folk-Lore des Hautes-Vosges, 1889.djvu/278

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le mois de septembre

cueil, et… en route pour l’église ! La messe s’expédie vite, le Libera aussi, et, en trois enjambées, on arrive au cimetière. À peine le cercueil a-t-il été descendu dans la fosse que Coliche, faisant sauter le couvercle, se dresse de toute sa hauteur et s’écrie :

— Miracle ! miracle ! approchez pour entendre des nouvelles de l’autre monde !

Va-t’en voir s’ils viennent ! À l’exception des quatre compères qui savent à quoi s’en tenir, et du fossoyeur qui en a vu bien d’autres, tous les assistants, le curé en tête, ont pris leurs jambes à leur cou, une débandade complète.

— Miracle ! miracle ! reprend le faux ressuscité de plus belle, en cherchant à se débarrasser de son linceul. Le fossoyeur ne lui en laisse pas le temps :

— Quand on est mort, lui dit-il en lui assénant sur la tête un maître coup de pioche, on n’a plus le droit de parler.

Et vli ! vlan ! attrape ! Les derniers coups étaient de trop, le premier avait suffi pour faire passer le malheureux Coliche de vie à trépas. »

Comme bien on le pense, le curé de Saulxures eut quelque peine à oublier le terrible quart-d’heure que cette folle équipée lui avait fait passer. Le dimanche suivant, il monta pourtant en