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LE MOIS DE SEPTEMBRE

Guédons du Mesnil (i). Ce sont de rudes hommes, curieux à voir, plus curieux encore à entendre, prétendent leurs malicieux voisins du Thillot qui vous raconteront volontiers l’anecdote suivante :

« On était au cœur du printemps et les cultures étaient déjà avancées, quand un retour subit du froid vint jeter l’alarme au Mesnil. Il y avait lieu de s’émouvoir, en effet, car la gelée ne tarda pas à montrer les dents, et si longues, si longues elle les avait, qu’il lui suffit d’une nuit pour compromettre toutes les récoltes. Cette fois, les Guédons se fâchèrent rouge : allait-on laisser maintenant cette gueuse dévorer les biens de la terre, ruiner les pauvres gens ? Il fallait aviser et rassembler en hâte le Conseil municipal… On le rassemble, aucun membre ne manque à l’appel.

— Écoutez, les autres, — fît le parleur le plus écouté, celui dont l’avis finissait toujours par l’emporter, — faut croire que notre saint, — il désignait ainsi le bienheureux saint Blaise, patron de la paroisse, — ne se doute pas de ce qui se

(i) L’espèce de papillotte que l’on obtient en roulant entre les doigts la nappe de coton qui sort du peigne à carder, est appelée « guédon » dans les Vosges. Le nom de « Guédons « a été donné aux habitants du Mesnil, parce que, avant l’emploi des machines, la moitié d’entre eux devaient à la préparation des papillottes de coton leurs moyens d’existence.