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tandis que la terre tourne

Heureux ses lourds colliers dans leur morte clarté,
Heureux qui met sa chair au soleil et l’y gonfle
D’un puéril orgueil et d’un sucre d’été
Comme l’insecte noir qui butine et qui ronfle.

Ah ! tandis que s’en vont les vagues de la mer
Vers un horizon bleu qui sans cesse recule,
Restée à m’attendrir sous les rayons amers,
Je tombe dans la nuit de tout animalcule.
Avec le bruit feuillu d’un arbre balancé,
L’été danse en ployant son ombrelle de lierre
Et je piétine au creux du trèfle rebroussé
Dans la cloche d’azur qui prend toute la terre.