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tandis que la terre tourne

Où les flots barbotaient et s’élevaient en bonds
Pareils à des poissons prisonniers d’une nasse.
Adieu, vol de cétoine oblique et lumineux
Tombant sur les massifs comme un caillou d’aurore
Non loin du mol herbage aplati par vos nœuds,
Couleuvre en robe bleue aux dessous de phosphore.
Adieu, miroitement assoupissant des lacs,
Lorsque la terre brûle et que midi brasille,
Lorsque l’épeire grasse ainsi qu’en un hamac
Se berce sur l’air blond au creux de sa résille,
Lorsque sur le chemin s’écrasent des rayons,
Lorsque du soleil sue aux fentes des fenêtres
Et que les nudités sans souci de sayons
Étalent l’impudeur naïve des bien-êtres.
Adieu, brocards de juin, fournaises de juillet,
Floraisons de parfums, essors de bigarrures,
Gommes qui découliez des abricots rouillés,
Éclairs des cuivres roux poissés de confitures,
Fécondité des mois, branches multi-tétons
Ainsi qu’une statue antique d’Aphrodite,
Lys corollés de soufre au bout de leurs bâtons,
Volupté des rosiers dont le pollen s’effrite.