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137. On pourrait prendre le ton d’ut ♯, ou le ton d’ut ♭, comme point de départ de nouvelles séries de gammes, dans lesquelles devraient intervenir soit les doubles dièses, soit les doubles bémols, lesquels joueraient, à l’égard des notes simplement diésées ou bémolisées, le rôle que celles-ci remplissaient dans les gammes précédentes, par rapport aux notes naturelles. Tons dans lesquels les altérations constitutives dépassent les sept dièses ou les sept bémols.
xxCes nouvelles gammes, plus élevées ou plus graves d’un demi-ton que leurs homonymes de l’ordre précédent, et prenant en conséquence les unes sept dièses, les autres sept bémols de plus que celles-ci, se présenteraient naturellement dans le même ordre : d’un côté, les tons de sol ♯, ré ♯, la ♯ et la suite de la série ; de l’autre, les tons de fa ♭, si ♭♭, mi ♭♭, etc.[1].
138. Mais ces tons reculés ne forment jamais le ton principal d’un morceau (on a vu, § 65, qu’on n’armait pas la clef de doubles dièses ni de doubles bémols) ; ils ne peuvent apparaître qu’amenés passagèrement par quelques modulations, et encore cela n’arrive-t-il que rarement, le compositeur préférant substituer à ces tons compliqués leurs tons synonymes, dont nous allons parler, et dont l’aspect est beaucoup plus simple.
xxCependant, au point de vue de la théorie, il est indispensable de mentionner ces tons insolites, puisqu’ils surviennent quelquefois, et que d’ailleurs l’analyse de la modulation les fait découvrir sous le déguisement que l’enharmonie peut leur prêter.
139. En admettant, comme on le fait dans la pratique, le système du tempérament, on peut réduire à 12 le nombre des tons réellement différents. Simplification du système.
xxCette simplification se fait au moyen des rapports enharmoniques.
xxC’est ainsi qu’au lieu du ton de sol ♯, avec huit dièses (un double et six simples), on peut prendre le ton de la ♭, avec quatre bémols. Tons synonymes
ou
enharmoniques.


Notes enharmoniques. Ton de sol ♯
sol ♯x la ♯x si ♯x ut ♯x ré ♯x mi ♯x fa 
la ♭x si ♭x utx ré ♭x mi ♭x fax solx
Ton de la ♭


  1. Il y a un moyen bien simple de connaître quel serait le ton avec un nombre donné très-grand d’altérations constitutives. C’est de voir combien de fois 7 est contenu dans ce nombre donné ; l’excédant formerait l’armure de la clef pour le ton simple, et le nombre de fois 7 représenterait le nombre de demi-tons chromatiques dont la tonique cherchée serait distante de ce ton simple.
    xxVeut-on savoir, par exemple, en quel ton on serait avec 10 dièses ?
    xx10 contenant une fois 7 plus 3, on serait un demi-ton chromatique au-dessus du ton qui prend 3 dièses (le ton de la), c’est-à-dire en la ♯.
    xxOu quel serait le ton avec 16 bémols ?
    xx16 contenant deux fois 7 plus 2, on serait en conséquence deux demi-tons chromatiques au-dessous du ton qui prend deux bémols (le ton de si ♭), c’est-à-dire en si triple bémol. Il est inutile d’ajouter que de semblables tons n’existent pas dans la pratique.