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xxOn remarquera, dans le tableau précédent, qu’à l’exception de la quarte, tous les intervalles augmentés contiennent un demi-ton chromatique[1].  



OBSERVATIONS SUR LA NOMENCLATURE DES INTERVALLES.


xxCe qui frappe d’abord dans ce tableau des intervalles, c’est l’absence d’uniformité dans la nomenclature de leurs modifications.
xxCette irrégularité provient de la manière différente dont sont envisagés certains intervalles.
xxLes uns (la seconde, la tierce, la sixte et la septième) reçoivent les qualifications de majeur et de mineur, se rapportant aux deux formes sous lesquelles ils s’offrent dans l’état diatonique.
xxLes autres (la quarte, la quinte et l’octave) sont considérés comme ayant une manière d’être particulière, dont ils ne peuvent sortir sans être, en quelque sorte, dénaturés. Ces intervalles ne sont donc ni majeurs ni mineurs, ils sont appelés justes.
xxPour l’octave cela se comprend facilement, puisque, dans cet intervalle, le son aigu n’est que la reproduction du son grave.
 
xxVenons à la quinte. La quinte dite juste, produit de la résonnance des corps sonores (§ 120), est le principe générateur du système musical. Ainsi que nous le verrons, c’est d’elle que découle la tonalité (§ 120), et elle forme dans les éléments du mode la partie fixe et immuable (§ 145), tandis que la tierce, autre produit de la résonnance, est susceptible de modification, et que c’est précisément de sa manière d’être que résulte le mode (§ 146).
xxLa quinte ne peut donc subir de modification sans perdre toutes ses propriétés. De là la qualification de juste ou d’inaltérée, qui lui est communément attribuée.
 
xx(Voilà pourquoi la quinte et l’octave, prises harmoniquement, sont appelées consonnances parfaites. Voyez notre Cours d’harmonie.)  
xxQuant à la quarte, elle n’est appelée juste que parce qu’elle procède de la quinte dont elle est le renversement (§ 114).  
  1. Il n’y a pas d’augmentation sans altération, et, par conséquent, sans l’introduction d’une note et d’un demi-ton chromatiques. À la vérité, la quarte augmentée fait exception à cette règle, et, comme elle existe diatoniquement, sa composition (trois tons) ne révèle pas de demi-ton chromatique. Cette observation bien simple prouve que cet intervalle devrait être appelé majeur et non augmenté. (Voyez même page et suiv., Observations sur la nomenclature des intervalles, et la note à la page 147.) Néanmoins nous devons faire remarquer que la quarte augmentée dans laquelle interviendrait la note sensible du mode mineur (voyez page 133) pourrait, dans ce cas, être considérée comme contenant 2 tons, 1/2 ton diatonique et 1/2 ton chromatique, la note sensible dans le mode mineur résultant toujours d’une altération.