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V

LE TEMPS MARCHE, MAIS L’ESPÉRANCE DEMEURE



La noce d’Edith se fit en silence. Point de réjouissances, point de festins, partant, point de gaieté : rien qui pùt rappeler à Liette songeuse un mariage qui avait eu lieu dans un lointain rêve et où elle s’était bien divertie.

En la circonstance présente tout se fit, pour ainsi dire, tristement. Pouvait-il en être autrement avec la lugubre Mrs Moure ? Le seul rayon de joie, qui éclaira celle journée somlbre de décembre, fut la visite des jeunes misses Mac Dermott, qui apportèrent des cadeaux et des friandises aux jeunes mariés.

Les jeunes filles réitérèrent avec insistance leur proposition à Mrs Moore pour prendre Liette près d’elles et obtinrent, enfin, de l’irascible veuve que Liette allât passer à l’usine chaque semaine, la journée du dimanche, unique occasion pour la pauvre enfant de sortir de sa malheureuse servitude.

Désormais, elle allait vivre seule avec cette vieille femme, taciturne et égoïste, qui n’aurait pour elle ni un mot de douceur, ni un geste de pitié. Oh ! que ses juurs et ses nuits seraient longs dans cette maison maudite !

Mais l’ami Dillon veillait également sur elle. Ainsi qu’il le lui avait promis, il s’occupa d’améliorer sa situation, et dans cette intention il tint à Mrs Moore un langage qu’elle fut obligée d’écouter. Dès