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LA TOUR DE LA LANTERNE.

famille Moore, viennent encore de faire une victime ; et Liette, en ses vetements de deuil, pleure la pauvre Edith, enlevée inopinément à son mari et à sa mère, en donnant le jour a une petite fille.

Mais la petite Lottie ne sentira pan la perte eruelle qu’elle a faite, car Liette s’est donnée tout entière à la mignonne créature ; elle en est devenue la mère attentive et dévouée.

Cette bonte incessante pour la petite orpheline comble de reconnaissance Harris Dillon. Harris est actuellement un personnage a l’usine où il remplace pendant ses nombreuses absences le directeur, Mr Mac Dermott, qui a marié ses deux filles à Londres.

Matin et soir, lorsqu’il est libre, il vient voir Lottie, élevée chez sa grand’mère, et causer de longues heures en français avec sa jeune élève, maintenant son amie et pour laquelle il éprouve une profonde et très tendre affection.

Liette ne cherche pas à pénétrer le mystérieux sentiment qu’Harris laisse percevoir, lorsqu’il est auprès d’elle ; elle ne voit en lui que le seul ami qu’elle se connaisse sur cette terre d’exil, et elle ne veut rien voir au delà.

Le vieux Dillon n’est plus. Il est mort, hélas ! peu de mois après la naissance de Lottie, au grand chagrin de son fils et de son amie Liette.

Quant à Mrs Moore, renfermée plus que jamais dans sa douleur geignarde et dans son égoïsme grognon, elle a maintenant abandonné le soin de sa maison, son travail et sa sollicitude maternelle à l’activité courageuse et intelligente de celle qu’elle persiste à appeler sa nièce, pour avoir le droit de lui imposer ces charges.

La peine de Liette a été bien grande de perdre ses deux aimables et charmantes protectrices, qui ne viennent plus dans l’Île de Man qu’à de rares intervalles.

La santé de Mrs Mac Dermott l’oblige à passer maintenant de longs hivers dans le midi de la France. Est-il donc dans la destinée de cette pauvre enfant de toujours vivre séparée de ceux qui l’aiment ou qui s’intéressent à son sort ? Ces dames ne l’oublient pas, et quelquefois une courte lettre, un petit souvenir de