secousse extraordinaire que j’ai éprouvée semble ressusciter tout mon passé. Oui, je sais qui je suis ! oui, je sais d’où je viens… Je suis de ce port riant de La Rochelle que protègent de grosses tours, pleines de mystère, et là doivent vivre encore mes parents adorés qui me croient à jamais perdue. C’est en revoyant cette canne, la canne de mon cher parrain, avec laquelle je jouais au
bord de la mer où elle tomba et disparut, il y a, en effet, plus de dix ans, que s’est opéré ce prodige.
« Merci, Carter, merci mille fois », dis-je, en pressant avec effusion les mains de l’ancien bandit.
« Mais, lui, tout confus de ma reconnaissance, dans un élan sublime de générosité, me dit simplement :
« — Si cette canne doit vous servir pour qu’on vous retrouve, prenez-la ; elle est à vous, je vous la donne. « — Non, Carter, gardez-la. Je ne veux pas vous ravir votre précieux talisman, j’aurai d’autres preuves à offrir, j’espère. »