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LEÇONS ET PROMENADES.

« Déclaration des droits de l’homme » y passèrent, expliqués, commentés par le professeur de philosophie ; discutés ou approuvés par les trois autres auditeurs.

Alors M. Leypeumal, trouvant qu’il était suffisamment tard, appela Liette.

« Viens, Liette, allons, ma chérie, viens vite ! »

Mais Liette ne se pressait pas. Cachée derrière une touffe de chardons sauvages, à l’aide de son mouchoir elle s’essuyait les mains et pompait l’eau qui tachait sa robe.

Liette était tombée maladroitement au bord de la mer, vers laquelle elle s’était trop avancée, et réparait au plus vite le désordre qui en était résulté.

Au second appel de son parrain, elle accourut vers lui.

Il ne remarqua rien, sinon qu’elle n’avait plus sa canne.

« Et ma canne, Liette, demanda-t-il d’une voix inquiète, qu’en as-tu fait ?

— La canne ?… la canne ? reprit l’enfant cherchant à se rappeler. Ah ! c’est vrai, je suis tombée avec elle là-bas… »

Les quatre promeneurs regardèrent dans la direction indiquée, mais ne virent rien.

M. Leypeumal prit son lorgnon, M. Paugène assujettit ses lunettes ; puis tous les quatre, les bras en l’air, s’écrièrent en cheur : « la voilà, la voilà ! »

En effet, on distingua un instant sur l’eau la canne de M. Leypeumal. Mais, à l’encontre des « bâtons flottants » du poète, c’était bien peu de chose au loin, ce petit sceptre couché sur l’eau, qui filait droit et vivement en ligne directe vers l’tle de Ré. Il formait sur la plaine liquide un tracé bizarre ayant la vague forme d’une flèche indicatrice, qui aurait montré une route mystéricuse… à suivre.