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LA TOUR DE LA LANTERNE.

VII

LIETTE AVANCE EN ÂGE, MAIS NON PAS EN SAGESSE



Après ce bel exploit, Liette resta quelque temps sans reprendre ses instructives promenades.

Peut-être M. Leypeumal avait-il sur le cœur la tragique disparition de sa canne ? peut-être, et c’est ce qui est plus probable, les froids prématurés d’un hiver exceptionnellement rigoureux furent-ils pour quelque chose dans l’arrêt de cette instruction en plein vent ?

Liette n’en perdit pas pour cela sa bonne humeur : tout au contraire. Ses belles dispositions à la jovialité dégénérèrent en diableries.

Sa grand’mère, Mme Baude, toujours disposée pour elle à la plus grande indulgence, prétendait que l’exubérance, qui se manifestait, chez sa petite-fille, était un signe certain de santé ; qu’il fallait se montrer très heureux de le constater et ne rien faire pour qu’il disparût.

Mais grand’maman Delfossy, qui, avait élevé jadis quatre ou cinq enfants, n’était pas tout à fait de cet avis. Elle inclinait à croire, elle, que la pétulance de Liette tenait à d’autres causes : son intimité avec trois jeunes garçons passablement turbulents, son désœuvrement et la grande indépendance dans laquelle on la laissait.