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UNE NOUVELLE CONNAISSANCE



Le lendemain et les trois jours qui suivirent, nul incident ne vint troubler l’existence paisible des habitants des Gerbies.

Baude-Isart, du reste, ne se montrait nulle part où Liette se trouvait. Elle ne le voyait qu’à table, mais il semblait, lui, ne pas la remarquer.

Vers la fin des repas, il parlait politique d’une voix contenue, pour ne pas être entendu des domestiques, noyant ses idées dans un flot de paradoxes qu’il lançait non seulement à l’adresse du gouvernement, mais encore à ceux qui ne pouvaient arrêter cet impétueux torrent de paroles, d’une logique très discutable.

Son frère et sa sœur semblaient être de son avis pour ne point avoir à argumenter avec lui. Comme il voulait toujours avoir raison, on le laissait dire, jusqu’à ce qu’enfin au bout de son rouleau, il prit sa pipe et l’allât fumer n’importe où, pour ne reparaître qu’à l’heure du dîner.

Le matin, et puis encore l’après-midi, à moins qu’il ne plût, Liette était dehors, allant partout où son humeur la dirigeait, tantôt avec l’un ou l’autre, tantôt seule ou avec Botte, si cette dernière n’était pas retenue à la maison par quelque ouvrage pressé.

Botte avait accompagné Liette à la Voirette pour revoir ses parents, chez lesquels elle n’était pas retournée depuis qu’elle était