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LA TOUR DE LA LANTERNE.

— Et en quel honneur, ce parrainage ?

— Je tiens de la même source que M. le maire est parent à Mme Baude.

— Tiens ! Mais leur vieille bonne en perd la tête, reprit en riant le bottier ; à cela rien d’étonnant après des émois comme ceux de cette journée. Depuis un moment je la suis des yeux, la guettant pour l’interroger à mon lour. Tout à l’heure elle parlait sous les porches, et maintenant, sans être entrée nulle part, la voici qui revient vers nous. Hé ! Marie ! Marie !

— Que voulez-vous, monsieur Bertean ? demanda la vieille fille tout essoufflée.

— Tiens, pardienne : vous demander des nouvelles de chez vous !

— Tout va bien, merci, monsieur Berteau, répondit la bonne servante très émue. Notre petite chérie est mignonne au possible. Le docteur Rioux la trouve superbe. Tout le monde est content. Ah ! nous allons en faire une fête pour cette naissance !

— Cela se conçoit que vous soyez heureux, reprit sentencieusement le coiffeur. Mais est-ce vrai ce que nous raconte Reydire ? M. Leypeumal serait le parrain ?

— Eh ! pourquoi pas ? dit la vieille servante, en se rengorgeant. Qu’y a-t-il d’étonnant à cela ? Madame n’est-elle pas la petite-nièce de la grand’mère de M. Leypeumal ? »

Bien que M. Lesombre se trouvât en rapports journaliers avec les plus fortes têtes de la ville, il n’en avait acquis ni une grande vivacité d’esprit, ni une compréhension facile.

« Permettez, dit-il, cela me semble difficile à saisir comme parenté…

— Non, réplique le bottier, c’est très simple. C’est comme qui dirait : enfants de cousins germains.

— Vous y êtes, répondit à son tour Reydire ; et il ajouta avec une certaine condescendance, en se tournant vers la bonne : ellez ! allez ! ma brave fille, ne vous mettez pas en retard. »

Pendant que s’échangeaient tous ces propos, au premier étage êe la grande librairie qui faisait le coin de la rue, dans une