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LIETTE MA CHÉRIE.

chambre immense, garnie et meublée au goùt du jour, la bonne Mme Baude, ainsi que l’appelaient ses voisins, contemplait, attendrie, sa chère mignonne et, tout en l’emmaillotant avec mille soins délicats, déclarait que cette petite chérie, entrée chez elle par un brillant soleil de midi, serait certainement une enfant merveilleuse.

N’oublions pas ici que c’était une prédiction d’aïeule.

La suite montrera si la destinée de cette jolie petite fille répondra aux souhaits un peu intéressés de son heureuse grand’mère.

La charmante fillette qui venait de naître avait juste vingt-deux ans de moins que sa maman. Elle était venue au monde, comme l’avait fait du reste remarquer M. Reydire, cinq ans après le mariage de Mlle Alice Baude avec M. Émile Verlet, son père, officier d’administration coloniale, actuellement en résidence à Saint-Louis (Sénégal).

Ss naissance combla de joie sa famille, et ce fut une vraie petite « Désirée ». Ardemment souhaitée par sa maman, qui se trouvait bien seule chaque fois que son mari prenait la mer, elle le fut aussi, non moins vivement, par son papa, et pour la même raison.

Puis aussi per son grand-père, M. Baude, qui trouvait, comme ancien professeur de troisième, avoir eu assez de garçons dans sa vie et dans ses jambes ; et encore par sa grand’mère, Mme Baude, qui escomptait le bonheur de la garder et de l’élever, si sa fille se décidait à suivre son mari dans ses lointaines pérégrinations.

M. Leypeumal (Jules-Alfred), ancien négociant, aujourd’hui maire de la ville, déjà parrain de Mme Verlet, avait réclamé le faveur, si elle avait une fille, de tenir cette enfant sur les fonts baptismaux. On n’eut garde de ne pas satisfaire à cette très honorable demande. M. Leypeumal, veuf et fort riche, sans enfants, n’était pas un parrain à dédaigner.

De plus, on pensait chez M. Baude, et non sans raison, que l’affection très réelle qu’il portait à Mme Verlet, cimentée par ce nouveau titre, serait tout au profit de l’heureuse petite Désirée.

Le dimanche, qui suivit cette naissance, réunit autour de la