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LA TOUR DE LA LANTERNE.

XII

LE CLOCHER DE MARENNES



Rouillard, tout en sifflotant, revenait de faire boire Cocotte à la mare. Cela n’était pas extraordinaire ; ces rafraîchissantes sorties lui étaient procurées régulièrement deux fois par jour. Mais, à neuf heures du matin, cette promenade devait avoir une signification particulière : Cocotte serait sans doute attelée, et le joyeux Rouillard allait encore se donner de l’air.

De plus, comme tonton Rigobert n’avait pas sur la tête son habituel chapeau de campagne et que Liette lui trouvait une mise légèrement soignée, ne serait-ce pas lui, se demandait-elle, qui allait être le voyageur ?

Ce raisonnement assez logique trottait dans sa petite cervelle, tandis qu’elle s’arrêtait devant la remise pour examiner les préparatifs d’un départ qui décidément n’avait rien de normal. Tante Minette, en effet, portait au domestique quelques paquets, qui devaient être mis dans le coffre de la voiture, et un énorme bouquet de jolies fleurs qu’elle confiait à son frère.

Tout cela était très mystérieux, très préoccupant ! Liette n’osait en demander l’explication à tonton Rigobert, qui s’amusait du coin de l’œil à surveiller le manège de la petite curieuse.

Après un conciliabule à voix basse avec sa sœur, celui-ci demanda, tout à coup et en souriant à la fillette, s’il lui serait agréable d’aller ensemble voir le clocher de Marennes.