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LA TOUR DE LA LANTERNE.

En conséquence, le mariage fut décidé pour la fin de juillet, et « par le même chemin » le bonhomme invita ces messieurs et dames des Gerbies à la noce.

Il n’y avait rien à dire. Ce mariage était fort convenable pour Botte, et tout en regrettant son départ, tante Minette accepta l’invitation pour Liette.

Quand Liette apprit la nouvelle du prochain mariage de sa bonne, elle en eut beaucoup de chagrin ; seule la perspective d’être de la noce la consola un peu.

Les choses semblaient marcher à souhait, lorsqu’un beau jour Botte déclara qu’elle ne se marierait pas, ayant appris sur le compte de son « prétendu » des faits peu édifiants. Elle fit cet aveu à Mme Minhet, tout en fondant en larmes. Elle eut bien du chagrin, la pauvre fille, mais malgré les discours de Mme Minhet, elle fut inébranlable dans sa résolution, et chargea même ses parents de reprendre leur parole.

Ce devait être fort grave ce que Botte avait à reprocher à François, puisque, se méfiant même des rencontres fortuites, elle ne voulait plus sortir.

L’amoureux éconduit ne cherchait que les occasions de se disculper et rôdait constamment autour des Gerbies ; mais Honorine demeurait invisible.

Enfin, une après-midi il s’arma d’un grand courage et vint donner gravement à Liette, qui s’amusait sous les grands arbres de la charmille, une lettre fermée par une quantité de pains à cacheter, en la priant de la remettre soit à sa tante, soit à sa bonne.

Jamais Lietta ne vit grand-pape et tonton Rigobert rire d’aussi bon cœur que ce soir-là, lorsque tante Minette lut à haute voix le très comique et amphigourique plaidoyer de ce pauvre pédant de village, plus ignorant que lettré, malgré ses prétentions littéraires.

Voici quel était le contenu textuel de cette missive :

« Mademoiselle,

« Si les contes qu’on vous a faits contre moi ne vous avaient pas donné des sentiments contraires, je m’en serais prévalu. Si je