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GENTIL COQUELICOT, GENTIL COQUELIQUIT.

suis votre abus, faites le moi-z aconnaître, je saurai m’en désabuser.

« Ô Honorine que j’adore ! si vous m’aimez encore, vous saurez me pardonner, si vous m’aimez encore, vous ne saurez m’oublier ! Dans votre amour extrÊme vous disiez que vous m’aimiez ! vous vouliez que bien loin les coqs (l’écho) vous fissent entendre. Ô qu’infidèle oublieras-tu ton sarment ! (serment). L’amour que tu trahis, je la prendrai-z à témoin.

« Répondez à votre fidèle et triste ami.

« Bouton François. »

« Dites à cette chère petite que je garde son souvenir dans mon cœur comme un berceau de fleurs au fond de ma mémoire[1]. »


Après une lettre aussi éloquente et dont les sentiments étaient si clairement exprimés, il n’y avait plus qu’à se rendre.

Honorine, très touchée et flatiée, ne se montra plus cruelle. Elle consentit à une entrevue aux Gerbies, après une émouvante scène de réconciliation. Et la noce fut fixée à la quinzaine suivante.

Le mariage de Botte fut ce que sont toutes les noces villageoises : nombreuses, gaies, tapageuses. On y mangea force poulets en sauce, gigots, beignets aux pommes, crème au chocolat.

Et puis, dans un pré voisin des Gerbies, au son d’un aigre violon, on dansa les bals et les rondes de Saintonge. Filles et garçons se donnant la main formaient un immense cercle. Tous chantaient à tue-tête sur le diapason aigu des voix campagnardes :


À la foire de Saint-Sauvent !…
Les rubans volant au vent !…


Et en effet, au milieu des joyeux éclats de rire de la bruyante société, les larges rubans des coiffes flottaient en l’air comme une volée de ramiers blancs.

On but ensuite à la santé des mariés, de M. le Maire, des parents,

  1. Authentique.