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Page:Savignac - La Jeune Proprietaire.djvu/248

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Mlle de Selbas me parut la plus jolie bien qu’un procès rendit sa dot douteuse. Pendant quelque temps aussi je la crus la plus spirituelle. Mais qu’est-ce que l’esprit sans bon sens ? Plus l’époque fixée par Mme de Selbas pour obtenir le consentement de ma famille approchait, moins je me sentais le courage de présenter une pareille bru à mon père et surtout à ma mère. J’étais dans cette mauvaise disposition d’esprit lorsque survint cette malencontreuse fête à l’Elysée, et la fluxion de poitrine, fruit d’un entêtement puéril et d’un amour pour le bruit et l’éclat des fêtes qui, dans cette occasion, me parut aller jusqu’à la démence. Je l’avoue, j’éprouvai contre Clarisse un violent mouvement de colère. J’aurais voulu la châtier comme on châtie un enfant dont l’obstination a causé un grand malheur. Je ne pouvais lui pardonner les larmes de sa pauvre mère. À cette irritation succéda le dégoût et l’effroi qu’inspire un être privé de raison. Il m’eût été impossible de revoir Mlle de Selbas et de la traiter en reine, ainsi qu’elle était habituée à l’être.