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Page:Savignac - La Jeune Proprietaire.djvu/64

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quement assis sur son brancard, entonna les primières mesures du ça ira républicain, et, sans attendre d’autre avertissement, le cheval partit d’un bon pas.

Une fois sortie de Nemours, la patache quitta la grande route pour se jeter brusquement dans la voie privilégiée, voie qui se composait de trois ornières, deux profondes, où les roues étaient emboitées presque jusqu’aux moyeux ; le cheval trottait dans la troisième du reste, les prétentions de la patache à la vélocité et à sûreté étaient des mieux fondées. La voiture ainsi emboîtée filait sans pouvoir verser, avec la rapidité d’une flèche ; et si ce n’eût été leur apparence ignoble, jointe aux atroces secousses dont le corps des voyageurs était brisé, ces ornières, ces pataches, sœurs aînées des chemins de fer, eussent mérité de la postérité une mention honorable. Après trois quarts-d’heure de marche le patachon interrompit le chant monotone qu’il avait fait succéder au ça ira, et se tourna en souriant vers Olympe pour lui indiquer, du manche de son fouet, deux