portant son petit sous le bras et revenant le soir même.
Après, on confia les suivants à des marins de Molène, pour ne pas abandonner la maison.
Six enfants naquirent. Amaigrie, avec son ossature plus saillante encore, presque virile, Virginie avait perdu toute coquetterie. Le labeur avait courbé sa taille ; ses traits, à force de ne plus sourire, avaient pris une expression dure et sévère dont ses cheveux en broussaille accentuaient encore la sauvagerie. Elle peinait du matin au soir, aux côtés de Kergrésan, partageant les mêmes travaux, avec, en plus, les soins du ménage, les galettes de pain à cuire, les habits des enfants à tailler et à coudre, presque muette, repliée sur elle-même, dans une tendresse farouche pour ces six petits êtres éclos au milieu des brisants, parmi les vagues, comme une nichée d’animaux.
Elle n’en avait perdu aucun. Car ils étaient tous beaux et forts et l’on ne savait pas ce que c’était que la maladie.
Parfois, des barques d’Ouessant ou de la côte apportaient des nouvelles du monde. C’était au moment des coupes de goémon. On restait ensuite deux ou trois mois sans voir d’étrangers aborder. Et quand ils arrivaient, on les