comme elles, Bibiane et aussi Jeannic, avaient déjà été trompées.
Les deux bonnes âmes soupirèrent.
— Je comprendrais encore, fit Jeannic, si tu étais mariée — ou, si, vieille et laide, tu avais eu le bonheur de retenir quelqu’un. Mais tu es jeune encore, Juliana, et tu es jolie. Et beaucoup envient ton étranger ; il y en a plus d’un qui pense à toi, ici.
— Beaucoup qui t’aimeraient si tu étais moins sauvage, approuvait Bibiane. — Et voilà des chances dont il faudrait tirer parti.
« Mais toi, Juliana, qui ne t’es jamais affichée avec un homme, puisque tu t’es décidée, enfin, à choisir un ami, pourquoi tant de retenue, dès lors, et au point d’en être ridicule ?... N’oublie pas que tu seras quittée comme les autres !
Or Juliana demeurait indifférente a ces discours tendancieux. Pourquoi Bibiane, moqueuse, ajouta :
— Juliana du Naoulou est restée vierge — je le dis, parce qu’elle le dit, mais qui le croit ?... — est restée vierge longtemps. Mais un jour, enfin, lassée de sa vertu, elle s’est avisée du proverbe ouessantin : « Si tu vois un homme, dépêche-toi de le prendre : il n’y en aura pas