Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/170

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Jeannic et Bibiane se glissèrent au Naoulou, intriguées par ce sentiment qu’elles considéraient comme une anomalie. Elles voulaient savoir le secret de tant de sagesse.

— Mais qu’es-tu devenue, Julia ?... Je croyais que tu étais morte ! fit Jeannic.

— Et moi, j’affirmais qu’elle vit toujours, reprit Bibiane, et qu’elle est heureuse. Car je savais que Julia n’a plus rien à envier, puisqu’elle aime.

— Hoppela !... je n’ai pas entendu, dit Julia.

— Ah ! ne nous conte pas d’histoires. Tu es folle de ton kouer (homme étranger). Et tu n’as pas tort. Mais ce n’est pas une raison, Julia, pour t’enterrer et lui montrer trop d’attachement. Parce qu’ainsi tu n’en obtiendras rien.

Julia se mit à siffler.

— Et n’oublie pas, reprit Jeannic, que rien n’est sot comme de se dévouer entièrement à un homme. C’est toujours se préparer du chagrin.

Alors, Julia, dans le cœur de qui personne n’avait jamais su lire, jura que son ami était, en tout, semblable aux autres hommes. Et que certainement il pourrait la tromper, comme, sans doute, il en avait déjà trompé d’autres, et