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Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/188

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grands comme la main, rocailleux et couverts d’ajoncs. Un ruisseau qui se perd dans ses prairies marécageuses entourées de muretins gris, semble renoncer à courir vers la mer. Au sommet des deux collines se profilent, très au ras du sol, les toits de plusieurs maisons ; la vague chante à quelques pas, sur les plages blondes du Corce et du Cajou.

Il méditait ces choses, simplement, et pour la première fois, une émotion singulière l’envahit, à laquelle s’associait, sans doute, la pure beauté des lieux.

— Est-ce que j’aimerais ? s’étonna-t-il.

Et il sourit victorieusement. Car il crut bien, en cet instant, avoir dépouillé le vieil homme. Depuis un mois, il portait là, sur lui, sans même les avoir regardées, ces lettres et ces souvenirs de la femme qu’il avait fuie, tant de choses qui auraient dû lui ronger la poitrine comme un cilice... Ce fardeau lui semblait bien léger.


Alors, très fier de dédaigner le passé, il arriva chez son amie, l’esprit enjoué, l’âme libre.

Juliana, un peu morose ce jour-là, surveillait, en retenant par une corde deux moutons accouplés, l’air décidément victorieux de Soley.