Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/49

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truction de ces goastigou était le seul soin que l’on prît des moutons à cette époque de l’année. La chair savoureuse de ces animaux est une des principales ressources du pays, mais elle est chèrement payée. Car les moutons, avec le droit de vaine pâture, empêchent toute végétation et causent l’aridité de l’île. La Préfecture maritime proposa autrefois, paraît-il, de faire à Ouessant une ceinture de pins : les habitants refusèrent car ils auraient dû renoncer à laisser errer leurs moutons.

Ces bêtes, toutes petites, mais très résistantes et d’une race particulière au pays, leurs propriétaires les mettent à l’attache en mars, par couples, jusqu’à la fin de juillet, dans leurs champs. Mais après la coupe du blé, terres et pâturages deviennent communs de tradition et l’on parque les moutons un peu partout, à l’attache, sous condition que chaque couple ne puisse approcher à plus d’un mètre de terre labourable. En septembre, dès qu’on s’est assuré qu’il n’y a plus rien dans les champs, une délibération municipale annonce qu’on peut lâcher les moutons. Libres jusqu’au printemps, ils vont errer par bandes effarouchées, redevenus sauvages, à travers l’île.

Le premier jeudi de mars, dans l’après-