Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/50

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midi, on commence le rassemblement du bétail. Des îliennes, choisies par le conseil, parcourent le pays et ramènent les moutons dans chaque quartier de l’île, à Pen ar lan, au Stiff, à Feunteim Vélen, à Loqueltas. Elles ont un sou par mouton qu’elles dirigent sur l’aire désignée.

Alors, chacune va d’aire en aire, reconnaître ses animaux d’après leur marque. Les signes distinctifs, en usage de temps immémorial, sont des entailles ou encore des trous pratiqués dans l’oreille du mouton. Chaque marque est la propriété d’une famille. Lorsqu’une nouvelle ramification se crée par suite d’un mariage, on apporte une légère modification à la marque. En sorte qu’on peut suivre la généalogie des familles dans les marques successives des moutons.

Le jour du rassemblement offre aussi ses déconvenues car on constate la disparition de beaucoup de bêtes. Les unes sont mortes de maladies, et d’autres, tombées de la grève, se sont noyées. Beaucoup sont volées par des « Douarnenez » qui viennent aborder à Ouessant, la nuit, quand ils déposent leurs filets à l’entrée des baies pour la pêche des mulets. Plusieurs années de suite, dit Barba, les Espa-