Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/69

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Cette lettre jeta le capitaine dans une colère terrible, ce qui était absolument en dehors de son caractère car on le voyait toujours calme. Il montra le papier à son amie et lui demanda si c’était vrai. Elle se mit à rire, refusant de répondre.

D’autres auraient rompu sur-le-champ. Guyot vit seulement dans ce mutisme une nouvelle preuve de l’indifférence de Claire à son égard et son amour en fut piqué davantage. Elle dédaignait de se disculper ; elle méprisait ces accusations, c’est qu’elles étaient fausses, sans doute. « — Le maire a donc menti, pensa-t-il. Et quand bien même cela serait, qu’importe puisque j’aime ! » Il insista, les papiers vinrent et le mariage, enfin, eut lieu.

— Et maintenant ?

— Et maintenant Claire est la plus heureuse des femmes. Elle a donné trois enfants à son mari qui ne cesse de l’adorer. Leurs natures sont très différentes : Claire est bavarde, elle chante et rit toujours, au lieu que Guyot, taciturne, prononce à peine quatre mots par jour. Mais il fut toujours ainsi : il dit seulement ce qu’il a à dire et Claire s’y est faite.

Chaque fois qu’il la ramène au pays, ils vivent dans la petite maison de Yusinn que la