Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/71

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gleds que j’enlève une fois que les pierres sont brûlantes, je les essuie avec un bouchon de goémon frais et les saupoudre de farine. J’y dispose ensuite des feuilles de chou sur lesquelles est placé le pain que je protège encore, par dessus, avec d’autres feuilles, pour recouvrir enfin le tout de gleds enflammés. Mais, à quoi bon ?… Aujourd’hui, il y a trois boulangeries dans l’île.

Quelle différence, avec autrefois !

Le croirais-tu ? Ici, c’était toujours la fille qui faisait la demande en mariage. Elle se rendait avec ses parents dans la famille du garçon de son choix, et priait qu’on l’invitât à dîner. On comprenait ce que cela voulait dire : le jeune homme se mettait au lit, gravement, et pendant le repas, la soupirante allait vers la couche et présentait un plat à l’élu de son cœur. S’il mangeait, c’était qu’il l’acceptait pour femme.

De ce jour, elle habitait la maison de son futur, aidant à tous les travaux du ménage et des terres, vivant en entière communauté, partageant même la couche de son fiancé, afin qu’ils pussent tous deux s’étudier et se mieux connaître. Au bout de quelque temps d’essai, s’ils constataient qu’ils n’étaient pas faits l’un pour l’autre, la jeune fille retournait chez elle sans