Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/98

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se livrant à l’homme, elles cachèrent leur visage entre leurs deux mains.

Barba fut, plus que toute autre, touchée par la grâce. Herment était absent : elle n’avait pas l’occasion de faillir. Herment était parti, appelé par des affaires sur le continent, à la veille de cet événement local, et elle en était intimement satisfaite, par scrupule religieux et par horreur de la lutte, car elle haïssait naturellement tout conflit entre ses appétits et sa foi. Et l’absence d’Herment devait être si courte qu’elle n’avait pas songé, seulement pour une nuit, à lui trouver un remplaçant.

Et quand Herment revint, il se trouva quelqu’un pour lui dire, un peu narquois :

— Vous tombez mal : toute l’île est convertie. Ainsi donc, plus d’amour. Mais, sans cœur, si vous aviez vu votre touchante idole défiler contrite aux processions, tenant un cierge en main et chantant des cantiques, un ruban bleu flottant sur la poitrine, vous auriez été ramené au bien, vous aussi — et vous ne déploreriez pas tant de vertu qui s’abat inopinément sur l’île.

Herment sourit. Il se doutait. Des matelots de l’Audacieux lui en avaient touché deux mots à Brest.

— Eh bien ! fit-il, j’assurerai mes quartiers ail-