Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/99

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leurs. Et il alla retenir une chambre à Lan Pol, satisfait, après tout, d’avoir plus d’indépendance, et aussi parce qu’il aspirait à un peu de repos.

Mais le soir, à l’hôtel, le dîner lui apparut mélancolique et froid. Alors, malgré sa résolution, il hasarda ses pas jusqu’à Nérodynn, vers la maison de la néophyte.

Elle l’accueillit fort gracieusement. Et comme elle s’était enquise de son domicile :

— Vous avez raison, lui dit-elle, vous n’auriez pas pu venir chez moi, tout suite après la mission.

Sainte fille, elle ne le tutoyait même plus !

Il s’assit un instant, et quand il s’en alla, elle le raccompagna jusqu’à Lan Pol. Même, ils dépassèrent le bourg et poursuivirent jusqu’à la grève de Loqueltas. Barba était intarissable sur la retraite. Elle disait ses émotions, discutait le mérite des prédicateurs, expliquait ses préférences. L’un d’eux n’avait parlé que du ciel et sa voix était harmonieuse et lointaine comme s’il avait eu un pied dans une nuée peuplée de séraphins porteurs de lyres. Et, à chaque parole qui tombait de sa bouche, des promesses d’un éternel bonheur pleuvaient sur l’assistance qui, alors, rêvait d’un Dieu plein de mansuétude et vêtu de blanc, assis dans un