Page:Savine - L Assassinat de la duchesse de Praslin.djvu/182

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cueil fut descendu dans la tombe, le trou comblé, la terre piétinée[1]. « Ce matin, disait la Gazette des Tribunaux du 28 août, à l’ouverture des portes, quelques curieux, en s’enfonçant dans la partie ombragée de platanes et de tilleuls, remarquaient avec surprise dans une des lignes voisines du poteau indicateur de la 4e division, une tombe toute fraîche sur laquelle ne se trouvait même pas la simple croix de bois noir, indicatrice de la dernière demeure du plus obscur des décédés. » Longtemps après le drame, le comte Edgar de Praslin, qui continuait à habiter un pavillon dépendant du château de Vaux, fit transporter le corps de son frère dans les caveaux, et la tombe du cimetière du Sud ne demeura plus marquée que par une simple borne couverte de mousse et ombragée par un acacia[2].

L’opinion publique ne fut point satisfaite des laborieuses explications fournies par la Cour des Pairs sur l’empoisonnement[3]. Ce fut longtemps une opinion répandue que Praslin ne s’était pas suicidé et avait vécu jusqu’à quelques années après la guerre de 1870, dans les îles anglaises de la Manche. Les campagnes des journaux d’opposition de 1847 n’étaient pas étrangères à cette croyance. « Il y a des gens, écrivait un contemporain, qui soutiennent que les hautes familles intéressées à étouffer les détails de ce scandale ont obtenu du Gouvernement la fuite du coupable. Ceux qui ont assez de bon sens pour ne tenir aucun compte de cette absurde supposition n’en crient pas moins haut contre la tolérance et les ménagements qui ont permis au coupable de se soustraire à une honte et à une punition trop justes. » A plusieurs reprises et jusqu’à ces dernières années, la presse a repris le thème de l’évasion de Praslin,

  1. Louis Favre. Le Luxembourg, p. 348 (d’après le procès-verbal de Monvalle).
  2. L’Impartial de Louviers (10 mars 1906), d’après Mme Monnier, ancienne concierge de Vaux, dit que le transfert fut postérieur à 1848. — Un article de la Libre Parole (25 octobre 190.5) prétend que le corps fut transporté à Maincy vers 1871. « le duc étant mort en Angleterre. »
  3. Ce fut l’objet d’une enquête de la commission d’instruction.