laissant le soin, de vous écrire moi-même, on m’a imposé le devoir d’être doublement scrupuleuse ; et si je vous dis, monsieur, que le bonheur de toute ma vie dépend des lignes que vous tracerez, c’est parce que je sais que cela ne peut influencer le témoignage que vous me rendrez. J’ai l’ambition de croire que vous me connaissez quelque force de caractère. Quoi que vous écriviez, je saurai que c’est l’expression de la pensée d’un homme aussi bon, aussi généreux qu’il est grand aux yeux du monde ; et je m’y soumettrai avec le plus profond sentiment de reconnaissance et de respect que je vous conserverai jusqu’à mon dernier soupir. »
Victor Cousin avait-il vu clair dans le drame Praslin, lui qui avait de meilleurs yeux que Pasquier ? En tout cas, son témoignage fut tel qu’Henriette Deluzy devint Mistress Field. Harry Field, qui avait beaucoup voyagé et qui a publié de nombreux récits de voyage, s’installa avec elle à Stockbridge dans le Massachussets. Henriette, très liée avec Mme Beecher Stowe[1] qui la qualifie de « femme de courage et de principes vrais et qui, non seulement voyait clairement ce qui était droit, mais avait le courage de l’accomplir à travers les circonstances les plus difficiles, » vécut longtemps dans une modeste cure de la vallée du Connecticut. Elle fit deux voyages en France, l’un en 1855 avec son mari, l’autre, lors de l’Exposition de 1867, avec des amis. En 1870-1871, elle s’employa activement à organiser des sociétés de secours pour les blessés de la guerre.
En 1874, atteinte d’une grave maladie, elle vit rapidement décliner sa santé. « Quand je serai morte, disait-elle à son mari, laissez-moi reposer en paix. Ne publiez rien pour attirer l’attention du monde. Le monde n’est rien pour moi. Je vais à Dieu. Laissez-moi vivre seulement comme un doux souvenir dans votre cœur et dans les cœurs de ceux qui m’aiment[2] ». Elle rendit le dernier soupir le 6 mars 1875 à New-York. Jusqu’à son dernier