Page:Say - Œuvres diverses.djvu/162

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Cependant les rapides progrès des sciences spéculatives, particulièrement depuis la fin du dernier siècle, appelaient des perfectionnements analogues dans les arts. La physique, la chimie, la mécanique même, s’étaient enrichies de plusieurs découvertes importantes. Toutes les sciences, éclairées par des expériences judicieuses, enrichies par des esprits supérieurs, s’avançaient à pas de géants ; et néanmoins les ateliers suivaient toujours leurs anciennes routines, et cherchaient à justifier des procédés défectueux par des théories surannées, démontrées fausses depuis longtemps.

Si quelques savants épars, tourmentés du désir d’être utiles, montraient, dans leurs écrits, l’heureuse application qu’on pouvait faire des découvertes récentes ; si quelques agriculteurs, quelques manufacturiers éminents, savaient mêler l’étude à leurs travaux, et se tenaient au niveau des connaissances nouvelles, c’étaient d’heureuses, mais de rares exceptions, qui faisaient honneur aux individus, sans exercer une influence générale sur les arts.

Le siècle appelait donc un enseignement qui pût faire participer, sans frais, aux lumières des savants, les hommes qui se consacrent aux travaux de l’industrie ; un enseignement qui, se perpétuant d’année en année, les tint constamment au courant du dernier état des sciences, fit participer tous les arts aux découvertes qui seraient faites dans l’un d’entre eux, et généralisât des procédés qui, faute de ce centre commun, seraient demeurés ensevelis dans un coin écarté du royaume.

Ce n’est pas tout. Les meilleures vues, les plus savantes combinaisons, sans le jugement et la prudence, qui seuls peuvent les faire tourner au profit des particuliers et de la société, ne seraient que de dangereuses amorces. Stimuler l’esprit d’entreprise sans lui montrer quels sont ses intérêts bien entendus, n’aurait été souvent que lui tendre un piège en voulant lui offrir un secours.

Déjà n’avons-nous pas vu trop souvent des hommes intelligents, laborieux, instruits dans la théorie comme dans la pratique des arts, lutter néanmoins sans succès contre la fortune, multiplier leurs sacrifices pour soutenir des entreprises qui devaient finir par succomber, perdre les capitaux qui leur appartenaient, et malheureusement aussi quelquefois, ceux qu’on leur avait confiés ?

Tantôt c’est un moteur hydraulique dont on s’est exagéré le service, ou dont on a mal calculé les frais. La force de l’eau y aura été employée avec la moindre perte possible ; toutes les transmissions de mouve-