Page:Say - Œuvres diverses.djvu/202

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des plus puissants États quand elles sont livrées à la dilapidation et à l’impéritie.

C’est là que nous verrons le danger de ce préjugé si soigneusement entretenu par tous les mauvais gouvernements, et par lequel on veut persuader que les richesses fournies par les contribuables sont, par les dépenses du gouvernement, reversées dans la société[1].

Nous acquerrons la preuve que les richesses, fruit des ressources privées, et détruites pour la satisfaction des besoins publics, sont précisément de même nature que celles qui satisfont aux besoins des particuliers, et qu’il n’y a pas plus deux sortes d’économie, qu’il n’y a deux sortes de physique, de mécanique et de chimie, l’une pour l’État l’autre pour les particuliers.

Enfin nous examinerons toutes les ressources de l’État, le fonds où il puise ses trésors, les impôts, leur légitimité, leurs bornes, leur perception, et les classes de contribuables sur qui retombe leur fardeau.

Nous nous formerons, j’espère, si le temps le permet, une idée exacte des emprunts et des autres ressources financières ; nous nous formerons de justes idées du crédit public, des traitants, de l’agiotage et des amortissements.

C’est alors, Messieurs, que vous apprécierez l’avantage de vivre sous un régime constitutionnel, le seul sous lequel on peut librement aborder toutes ces questions, et les apprécier sans réticences.

Il y a aussi des Cours d’Économie politique en Allemagne et en Russie. Mais qu’est-ce que des cours où il n’est permis de traiter aucune des questions vitales de la société, et (ce qui est encore pire) où l’on est obligé de les accommoder à la politique dominante du Cabinet ?

  1. On a traduit, de nos jours, cette déplorable erreur par l’élégante formule que, l’impôt est le meilleur des placements. Le chapitre IV de la 8e part, du Cours complet, intitulé : De l’impôt en général, de sa légitimité et de ses limites, nous renseigne à fond sur le poids que doit avoir cet aphorisme dans l’esprit de ceux qui se préoccupent exclusivement de l’intérêt général. E. D