Page:Say - Œuvres diverses.djvu/206

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cheter une jouissance, ou de nous dispenser d’une peine, est un mal.

Laissant de côté les biens que la nature nous donne gratuitement, et les maux inévitables qu’elle nous impose, tous les autres qui sont du domaine de l’économie politique, peuvent être évalués par les sommes d’argent au prix desquelles on pourrait les acquérir, et par les sommes au prix desquelles on pourrait s’en préserver. Il ne s’agit dès lors que d’en faire une juste appréciation. En supposant cette appréciation possible (et vous verrez qu’elle l’est), nous pourrons dire que, dans un temps donné, dans l’espace d’une année, par exemple, une nation jouit d’une plus grande somme de biens, ou qu’elle est exposée à une moins grande somme de maux, suivant qu’elle sait mieux comment elle peut produire une plus grande somme de biens, ou diminuer la somme de ses maux, et suivant qu’elle sait mieux en faire l’appréciation. On comprend que si elle appréciait très-haut ses biens et ses maux très-bas, la balance pourrait être favorable en apparence et ne l’être pas en réalité, et sa condition empirerait tous les jours. Elle se repaîtrait d’illusions ; ce que nous voulons éviter.

Nous y parviendrons par l’étude de la nature des choses économiques, qui nous enseignera à faire des appréciations justes, qui nous enseignera comment se produisent les biens et comment ils se dissipent. Mais les manières de multiplier nos biens et de les dépenser, sont excessivement nombreuses : elles supposent une inimité de connaissances : par exemple, nos biens s’augmentent par une agriculture bien entendue, et se diminuent par des procèdes agricole vicieux. L’Économie politique ne peut cependant avoir la prétention de comprendre l’art agricole au nombre de ses enseignements, mais elle peut faire voir ce qui dans cet art doit être remarque pour qu’il aille au but qu’on se propose, qui est d’augmenter la somme des biens et de diminuer ut somme des maux.

Il en est de même de tous les autres arts. Celui qui nous procure le drap, par exemple, atteindra son but d’autant mieux qu’il nous procurera une plus grande somme en drap au meilleur marché. Il en sera de même du commerce et de tous les autres arts.

Et il ne faut pas s’imaginer que les considérations d’économie politique se bornent aux choses matérielles pour lesquelles ou puise, dans la mécanique et la chimie, des moyens de se perfectionner. Les sciences morales, les sciences politiques n’y servent pas moins, puisqu’on peut apprécier par les mêmes méthodes les biens et les maux qui ré-