Page:Say - Œuvres diverses.djvu/207

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sultent de la conduite des particuliers et des gouvernements, et parvenir ainsi à connaître quelle balance il en résulte pour la société.

C’est ainsi que toutes nos connaissances se touchent et que, lorsqu’on connaît bien la nature des choses, soit au physique, soit au moral, on apprécie le service qu’on peut attendre d’une bonne loi, comme le service qu’on peut retirer d’un bon outil, et savoir, toute proportion gardée, la somme d’utilité qu’une nation retire d’une belle manufacture, ou d’un bon gouvernement. Nous pouvons dés lors comparer la somme des biens dont ils procurent la jouissance à une nation, et ce qu’ils lui coûtent. C’est ainsi que, dans les choses appréciables, tout peut se résoudre en quantités positives, et que les hommes peuvent marcher avec sûreté dans la voie des améliorations.

Vous ne serez donc pas étonnés, Messieurs, de l’importance tous les jours plus grande que, dans les États civilisés et jaloux de prospérer, on attache à la science qui nous réunit ici, surtout depuis que des méthodes analogues à celles qui ont été couronnées d’un si grand succès dans les sciences physiques et mathématiques, nous ont appris à nous préserver de beaucoup de rêveries et d’erreurs.

C’est là le point de vue sous lequel nous étudierons la société.


Si nous jetons un coup d’œil sur les sociétés humaines en général, nous pouvons dire que la première et la plus naturelle de toutes les sociétés est la famille. Dans l’état civilisé, on trouve d’autres associations qui ont pour objet le soin, l’exploitation de quelque intérêt commun, comme les sociétés de commerce ; mais ce ne sont point là des sociétés politiques. Dans le langage de la science, on désigne plus particulièrement ainsi ces grandes associations qu’on nomme communément des Nations, et qui se trouvent réunies par des convenances géographiques, par un même langage, par le besoin de se soutenir, et dans l’occasion de se défendre contre des dangers communs.

Plusieurs publicistes ont cru devoir rechercher quelle est la civilisation dans ses premiers degrés et telle qu’elle se montre chez les peuples qui ne sont que chasseurs, ou pasteurs, ou chez ceux qui, sans abandonner les ressources de la chasse et des troupeaux, sont plus particulièrement cultivateurs. Le monde nous offre encore quelques échantillons de ces différentes formes des sociétés politiques. Dans l’intérieur de l’Amérique du nord et du sud, il y a des nations qui vivent de la chasse. Une grande partie de l’Arabie et de la Tartane est encore