Page:Say - Œuvres diverses.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voyant toutefois que le temps lui manquerait pour conduire à fin tous ses projets, pour terminer toutes ses esquisses, il recueillit quelques-unes de ses pensées, fit un choix de celles qui se présentaient sous un tour heureux et rapide, les livra à l’impression, et les fit paraître en leur donnant pour titre : Petit volume, contenant quelques aperçus des hommes et de la société[1]. Ce livre fait connaître l’auteur et le peint mieux que ses autres écrits ; on y retrouve les préceptes qui servaient de règle à sa conduite, cette philosophie gracieuse qui lui permettait de voir l’âge d’or dans l’avenir, comme résultat du progrès des lumières ; l’on y trouve aussi la vivacité de sentiments qui animait sa conversation, et parfois cette verve caustique qui la rendait piquante et variée. Son esprit railleur aimait surtout à s’exercer aux dépens des hommes sans convictions, dont le nombre est toujours grand aux époques de troubles et de changements politiques.

Peu de temps après la publication du Petit Volume parut la brochure De l’Importance du Port de la Villette. Ce sujet intéressait particulièrement la Ville de Paris et occupait l’attention. Une compagnie de financiers, en marché alors avec l’administration pour se faire concéder la jouissance des canaux, à charge de conduire à fin les travaux, pensa que cet écrit, signalant les avantages de l’entreprise, pourrait avoir pour effet d’augmenter les exigences, et l’édition fut enlevée pour en supprimer là publicité. Cet écrit reparut bientôt après avec de nouveaux développements et un changement de titre[2].

La troisième édition du Traité d’Économie politique avait été, comme la seconde, tirée à un grand nombre d’exemplaires ; cependant elle fut épuisée presque entièrement dans la même année. En 1819, il en parut une quatrième avec des corrections et des augmentations considérables. L’auteur donna de nouveaux développements aux chapitres relatifs à la balance du commerce, au commerce des blés, à l’usage des monnaies ; il refit presque entièrement les cinq premiers chapitres du livre ii, et fit des augmentations importantes à quelques chapitres du livre iii.

Les crises monétaires et commerciales de l’Angleterre fournissaient d’utiles enseignements sur ces matières ; Jean-Baptiste Say se tenait au courant de toutes les publications qui s’y rapportaient et entretenait une correspondance active avec tous ceux qui s’en occupaient et pouvaient faire autorité. La bonne foi réciproque avec laquelle ce commerce était suivi, le même amour de la vérité qui présidait à cette correspondance, resserrait les liens qui unissaient déjà les économistes les plus distingués de l’époque. Jean-Baptiste Say se plaisait à reconnaitre les services importants rendus à la science par les travaux de Ricardo sur les monnaies, et il ne craignait pas

  1. Page 661 de ce volume.
  2. Des Canaux de navigation dans l’état actuel de la France, page 232 de ce volume.