Page:Say - Œuvres diverses.djvu/26

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Nantes, lorsque la Révolution de Juillet éclata. Nommé peu de temps après membre du Conseil général du département de la Seine, il se vit, au bout de quelques mois, contraint par la fatigue de se démettre de ses fonctions, et il lui fallut de grands efforts et une grande énergie de volonté pour persister à faire son cours au Collège de France. Le 15 novembre 1832 il fut frappé d’une nouvelle attaque, qui devait être la dernière. Se sentant hors d’état de travailler ce jour-là, il était sorti pour faire quelques visites ; il entra chez une tante, sœur de sa mère, perdit bientôt connaissance, et, après une agonie de quatorze heures, expira dans les bras de ses enfants. Il avait alors soixante-six ans et laissait deux fils et deux filles. L’ainée de ses filles avait épousé Charles Comte, auteur du Censeur européen, du Traité de législation, et qu’une grande conformité de vues avait rapproché de notre célèbre Économiste, auquel il ne devait survivre que de bien peu d’années.

On a remarqué qu’en général les hommes qui se sont livrés à une étude approfondie et consciencieuse de l’Économie politique ont été d’excellents citoyens, des amis éclairés et sincères de la liberté ; soit que cette science montre mieux que les autres les effets des mauvaises mesures des gouvernements, soit qu’elle ne permette pas de se faire illusion sur la nature et la valeur des services rendus au public, soit qu’elle empêche de se méprendre sur la véritable source des richesses. Jean-Baptiste Say qui, dès 1789, se prononça pour la cause de la liberté et qui la servit par tous les moyens qui étaient en son pouvoir, est resté fidèle à ses principes jusqu’à la fin de sa carrière ; rien au monde ne l’aurait déterminé à associer son nom à une mesure qu’aurait désapprouvée sa conscience.

La plupart des académies de l’Europe le comptaient au nombre de leurs membres. La tardive réorganisation de la classe des sciences morales et politiques empêcha seule l’Institut de France de réparer à son égard une grande injustice.