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DES CANAUX DE NAVIGATION
DANS
L’ÉTAT ACTUEL DE LA FRANCE[1].


1818

Pour qui sait observer, jamais le patriotisme français n’a été plus prononcé qu’à l’époque où nous sommes. Non, ce patriotisme qui ressemble à l’esprit, de parti, ce patriotisme exclusivement occupé de faire triompher un système aux dépens d’un autre ; mais ce patriotisme pour qui le bien du pays est tout ; qui le cherche par tous les

  1. Le but de cet écrit était de pousser l’opinion publique à se prononcer de plus en plus en faveur de la coopération de l’industrie privée dans les grands travaux publics. L’Auteur était frappé de la manière dispendieuse dont ces travaux étaient conduits par le gouvernement ; d’ailleurs les finances étaient alors en mauvais état ; la plupart des entreprises étaient suspendues ; les canaux restaient inachevés, et le pays perdait ainsi les intérêts et tous les avantages qu’il avait dû attendre de ses premières dépenses. Malheureusement le système adopté en France pour l’étude et la conduite des grands travaux, et l’organisation du corps des ponts-et-chaussées, n’a pas permis que l’intervention de l’industrie privée procurât tous les avantages qu’on en espérait. Pour ce qui concerne les grands canaux entrepris par l’État, le gouvernement, au lieu de concéder à des compagnies le droit d’achever et d’exploiter les canaux à leurs risques et périls, a préféré se réserver la conduite et tous les risques des travaux et les compagnies n’ont plus été que des réunions de véritables traitants qui ont fourni leurs capitaux moyennant intérêts, sans courir aucun risque industriel, obtenant que les canaux fussent en quelque sorte hypothéqués à la garantie de leurs prêts ; et devant recevoir en outre, comme véritable prime, une part dans leurs produits future. C’est là l’origine de ces actions de jouissance qui sont devenues une si grande entrave aux modifications de tarif réclamées plus tard par le commerce. Quant aux canaux de Saint-Denis et de Saint-Martin, commencés par la ville de Paris, et que l’auteur avait plus particulièrement en vue, ils ont en effet été concédés à des compagnies, mais à des conditions onéreuses pour la commune ; et l’on a eu à regretter de n’avoir pas pris en suffisante considération la question de distribution des eaux dans Paris ; l’intérêt de la navigation est le seul qui soit traité ici.
    (HS.)