Page:Say - Œuvres diverses.djvu/268

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cents ; il n’y avait point de cabriolets de place. Actuellement le nombre des uns et des autres s’élève a deux mille quatre cents environ.

Les habitants de ces vastes quartiers qui ont été bâtis au nord de Paris dans une ceinture d’une demi-lieue de large, et de près de deux lieues de longueur, viennent se croiser au centre de cette grande ville, dans des rues faites du temps de Philippe-Auguste, pour une population de cent mille habitants, et lorsque le nom même de carrosse et de cabriolet était inconnu.

Or, ce grand accroissement de population, la consommation qui l’accompagne, l’activité commerciale qui en est à la fois la cause et la conséquence, sont principalement alimentés par le roulage. Une multitude de charrettes et de chevaux encombrent et fatiguent les approches de la capitale, tandis que la solitude de la Seine, au-dessus et au-dessous de Paris, est rarement troublée par aucune navigation. Quant aux canaux, il n’y en a point à vingt lieues à la ronde.

Au point où nous en sommes, il faut donc que les canaux de navigation se multiplient. Voilà le but : où sont les moyens ? Le grand art en économie politique, quelque puissant qu’on soit, n’est pas de dire : Je veux. Les obstacles qui naissent de la volonté et des facultés des hommes, sont, dans beaucoup de cas, tout aussi insurmontables que ceux que nous oppose la nature ; ou plutôt ce sont des obstacles naturels aussi bien que les autres. Napoléon, condamnant au bûcher, sur nos places publiques, les marchandises d’Angleterre, n’était pas, aux yeux du philosophe, moins insensé que Xerxès, qui faisait fouetter la mer parce qu’elle avait eu l’insolence d’engloutir ses vaisseaux.

Plusieurs moyens se présentent de favoriser la multiplication des canaux de navigation. Peut-être les examinerai-je quelque jour en détail. Du moins convient-on dès à présent que, pour étendre en tous sens de nombreuses ramifications de canaux, on ne peut guère compter que sur l’industrie et les capitaux des particuliers, et surtout des compagnies qui seules peuvent réunir de grands moyens. M. Delaborde vient de montrer ce qu’on peut attendre de l’esprit d’association et d’administration locale ; et ses pensées ont rencontré des analogues dans tous les esprits. On assure que des capitalistes.citoyens offrent les fonds nécessaires pour terminer enfin cette ceinture de canaux qui, embrassant le nord de Paris, doivent joindre la navigation de la Haute-Seine avec celle de la Seine-Inférieure et de l’Oise. Espérons que le corps qui représente les intérêts communaux, et