Page:Say - Œuvres diverses.djvu/274

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mules autour du pont du Louvre et du pont Marie. On ne leur laisse pas commencer la vente de leur cargaison, jusqu’à ce que tous les bateaux antérieurement arrivés, à tour de rôle, aient débité la leur tout entière ; afin que, vidés successivement, ils puissent faire place à d’autres. Ces malheureux marchands attendent, de cette manière, quelquefois jusqu’à dix-huit mois, pour commencer leur vente ! Or, qu’on prenne la peine de calculer ce que la perte de dix-huit mois d’intérêts sur une marchandise prête pour la vente, ce que les frais de garde des bateaux, les droits de gare, les accidents possibles et la détérioration inévitable, doivent ajouter au prix d’un objet de commerce ! Ce sont tous frais qui n’ajoutent rien au mérite de la marchandise, des frais qui retombent sur le consommateur, sans profit pour le producteur.

D’autres motifs encore rendent précieux l’emplacement du port de la Villette.

Une administration dévorante et fiscale prononça le rétablissement des octrois des communes, et entoura chacune de nos villes, de nos bourgs et même de nos villages, d’une ligne de douaniers. Quoique ces droits soient assez modérés dans la plupart des lieux, leur répétition sur divers objets de consommation journalière, ne laisse pas, au bout de l’an, de grever le citadin d’une contribution beaucoup plus forte qu’il ne l’imagine, et qui ne figure pas sur le budget des dépenses publiques.

À Paris, cet impôt est très-considérable. Les dépenses communales de cette grande cité, l’obligation de verser une portion de ses revenus dans le trésor royal, ont exigé qu’on portât l’octroi municipal à un taux qui excède tout ce qu’il avait été jusqu’à présent.Les marchands, petits et gros, qui viennent vendre à Paris des objets de consommation, sont obligés d’en faire l’avance aux barrières, et n’obtiennent le remboursement de cette avance qu’ils font de l’impôt, qu’au moment de la vente souvent tardive de leurs produits. Elle est peu sensible, cette avance, sur les objets qu’on apporte chaque jour au marché par petites portions, mais elle est quelquefois gênante pour le marchand qui fait venir les denrées de plus loin, et par grosses parties, comme cela se pratique, par exemple, pour les charbons de terre. Il lui faut, dès lors, de plus gros capitaux, circonstance qui exclut toujours quelques personnes de la possibilité de faire ce commerce, et qui le rend plus difficile et plus dispendieux, c’est-à-dire, moins avantageux pour le