Page:Say - Œuvres diverses.djvu/273

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Cependant il faut se hâter de débarquer les marchandises ; car les variations de la rivière en font une loi ; et si, tandis que le déchargement se fait, une pluie, un dégel font craindre de grosses eaux, il faut rider les ports en toute hâte. On a plusieurs fois été forcé, dans l’espace d’une nuit, de débarrasser les ports, de remonter les marchandises sur les quais, non sans beaucoup de frais et d’avaries.

Quand il s’agit ensuite de transporter les marchandises qui arrivent par la rivière, dans les magasins des négociants, les voitures occupées à ce transport, partant du lieu le plus bas de la ville, sont obligées d’aller en montant, quel que soit le quartier où elles se dirigent. Il faut qu’elles circulent par des couloirs pleins d’encombrements ; et après avoir échappé aux accidents de la navigation, elles sont exposées à d’autres accidents dans les rues de Paris.

Ce serait toute autre chose avec le port de la Villette : dans quelqu’endroit de Paris qu’on ait affaire, on trouve, partant de là, de belles avenues pour s’y rendre : le faubourg Saint-Denis, le faubourg Saint-Martin, celui du Temple. Les nouveaux boulevards conduisent à ! extrémité de toutes les grandes rues de Paris, et surtout à ce faubourg Saint-Antoine, où les bois de menuiserie et de marqueterie, ceux de teinture, les fers, les charbons de terre, sont perpétuellement appelés. Pour le transport de ces marchandises, les chars ne roulent qu’en descendant et par des chemins où les mêmes fardeaux sont conduits avec moitié moins de chevaux.

Toutes les extrémités de la ville qui avoisinent le port de la Villette et le canal Saint-Martin, offrent de nombreux magasins et de vastes chantiers. Le boulevard Saint-Antoine, toutes les belles percées du Marais, jusqu’à la rue de la Verrerie, deviennent vivantes et animées. A chaque écluse du canal Saint-Martin, on peut établir deux usines pourvues d’un moteur hydraulique. Chacune s’entoure d’une population d’ouvriers et s’ouvre des communications avec les quartiers les plus marchands de Paris.

Les bords du canal, les quais du port, sont entourés de terrains où peuvent se former des entrepôts de toute espèce : entrepôts de houille, bois de chauffage et de construction, de cotrets, de charbons de bois, de fourrages. Les bateaux peuvent y déposer leur chargement, et repartir pour en prendre d’autres. Qu’on veuille bien comparer à cette facilité la patience que doivent avoir les entrepreneurs de navigation,’lui font arriver ces grands bateaux de charbon que nous voyons accu-