Page:Say - Œuvres diverses.djvu/281

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active, les procédés expéditifs plus multipliés, les produits plus abondants en un mot, les nations seront mieux pourvues, plus généralement pourvues. Telle est la proposition attaquée par M. de Sismondi, et celle qu’il s’agit de justifier.

En point de fait, je pourrais dire que les pays où les procédés expéditifs sont plus connus et les produits plus multipliés, comme les provinces les plus industrieuses de l’Angleterre, des États-Unis, de la Belgique, de l’Allemagne et de la France, sont aussi les pays les plus riches, ou, si l’on veut, les moins misérables. Mais cette simple remarque ne suffit pas. Ils pourraient devoir cet avantage à d’autres circonstances heureuses. Ne sont-ils pas riches, quoique chargés d’entraves et d’impôts, sans qu’on puisse dire que ce sont les impôts qui font leur prospérité ? Il faut prouver de plus que l’effet observé tient à la cause assignée, qu’elle en dépend, qu’elle en est la conséquence. C’est là ce que l’on demande aux maîtres de la science. Or, ils peuvent répondre que, dans ce cas, la science explique ce que la simple observation fait apercevoir.

Tout perfectionnement consiste en une diminution de frais de production pour obtenir les mêmes produits ; ou, ce qui revient exactement au même, en une augmentation de produits pour les mêmes frais. Qu’on analyse les différentes productions, on arrivera toujours à ce résultat. Le produit consistant essentiellement dans l’utilité qui résulte de son usage, l’augmentation du produit gît autant dans l’augmentation de sa qualité ou de sa beauté, que dans l’augmentation de sa quantité. Une bonne paire de bas qui dure deux fois autant qu’une plus mauvaise, ou qui par sa beauté fait deux fois autant d’honneur, est un produit double comparé à l’autre. Pour simplifier, regardons, nous le pouvons, tous les progrès de l’industrie comme une diminution dans les frais ; c’est la manière de présenter la question la plus favorable à M. de Sismondi.

Or, si je trouve le moyen de faire sortir d’une journée d’ouvrier plus d’ouvrage exécuté, comme cela arrive lorsque je perfectionne mes outils ; de ma terre plus de fruits chaque année, comme lorsque je supprime les jachères ; de mes ateliers plus de marchandises, comme lorsque je remplace des tourneurs de manivelle par une machine à vapeur, j’obtiens alors mes produits à moins de frais, et la concurrence m’oblige à les vendre à meilleur marché. L’industrie a fait un progrès. M. de Sismondi pense que c’est aux dépens de la classe ouvrière ; mais