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0/0 consolidés qui composent la majeure partie de la dette anglaise, pour 57 livres sterling environ (le cours du 29 avril était 57 ) une rente annuelle de 3 l. st. Son placement lui rapporte donc à peu près 5 pour 0/0.

Lorsque l’un et l’autre gouvernement contractent l’espèce d’engagement que, dans chaque nation, on regarde généralement comme le plus solide, le gouvernement anglais trouve donc des prêteurs qui se contentent de 5 pour 0/0 ; tandis que le gouvernement français n’en trouve qu’autant qu’on leur paie 8 pour 0/0 ; et probablement s’il créait des inscriptions et s’il en mettait sur la place, les ferait-il tomber plus bas encore.

La différence des monnaies prêtées ne change rien à cette proportion, parce que les intérêts, de part et d’autre, sont payés en monnaie pareille à celle qui est prêtée. Cela ne change que la quotité de la somme et la quotité des intérêts. Un homme qui achète pour 57 L st. de fonds publics anglais placé une somme dix-neuf fois plus forte que celui qui achète pour 57 fr. de fonds français ; mais aussi les 3 l. st. qu’il retire annuellement sont 19 fois plus considérables que les 5 fr. que le nôtre retire annuellement.

Il est vrai que la dépréciation de la monnaie anglaise par rapport à la nôtre fait gagner quelque chose au capitaliste français qui change son argent de France en argent d’Angleterre pour le placer à Londres. Le Français peut acheter au cours du jour pour 19 fr. 25 c. une livre sterling qui, avant la dépréciation, lui aurait coûté 24 fr. Avec un capital égal, il achète donc en Angleterre un capital plus fort et par conséquent une rente plus considérable. Mais ce qu’il gagne sur le capital qu’il fait passer en Angleterre, il le perd sur les intérêts qu’on lui paie en Angleterre et qu’il faut qu’on lui fasse passer en France. Chaque livre sterling de ces intérêts ne lui rapporte en France que 19 fr. 25 c. et non pas 24 fr. Le taux pour 0/0 reste donc le même. Il perd en outre la commission que lui fait payer le banquier de Paris et celle de son correspondant à Londres.

Le bas intérêt auquel un gouvernement trouve à emprunter tient à un grand nombre de causes compliquées ; mais les deux principales et dont l’influence est majeure, sont l’abondance des capitaux à prêter, et le crédit que ce gouvernement inspire.

La somme des capitaux épargnés et prêtables chaque année en Angleterre est très-considérable, comparée avec la somme des épargnes