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ché on se laisse aller à toute espèce de prix se donne cette assistance c’est ce dont lation. Ce qu’on ne voit pas c’est que nous allons parler ci-après. ché ; on se laisse aller à toute espèce de spéculation. Ce qu’on ne voit pas, c’est que cette abondance de papier, ces facilités de crédit amènent des excès, et quand les excès arrivent, on ne sait plus comment les conjurer. »

L’unité de l’émission a des avantages moins problématiques à l’égard du crédit. Elle donne mieux que la pluralité l’expression de la situation financière du pays. Avec elle, le public peut connaître exactement si le chiffre des billets en circulation augmente ou diminue, quel est le mouvement de l’encaisse et du portefeuille, comment le numéraire s’importe ou s’exporte.

Une banque unique est plus à même que des banques multiples d’apercevoir les présages des crises, d’appliquer les mesures propres à les prévenir ou à les atténuer, et de voir quand il est possible de se relâcher. Une grande banque privilégiée pourvoit mieux que des banques multiples à la formation d’un réservoir métallique qui supplée à l’insuffisance éventuelle des ressources des autres établissements de crédit, tant pour les besoins intérieurs que pour les besoins extérieurs, sous l’influence des changes défavorables. C’est ce dont s’est préoccupé

Stuart Mill, tout en niant le mal qu’on accusait les banques d’Angleterre d’avoir causé par des excès d’émission. « En tout cas, a-t-il dit, on doit, je crois, souhaiter qu’il y ait toujours un grand établissement tel que la Banque d’Angleterre, différant des autres banques en ceci que lui seul serait tenu de payer ses billets en or, tandis que les autres pourraient payer les leurs avec ceux de la banque centrale. Le but de cette disposition serait d’avoir un établissement responsable, chargé de garder une réserve suffisante pour répondre à toutes les demandes que l’on peut raisonnablement prévoir. En disséminant cette responsabilité sur toutes les banques, on arrive à ceci qu’aucune ne se considère comme responsable, ou si les effets de la responsabilité se font sentir à l’une d’elles, les réserves des autres sont un capital dormant, gardé en pure perte, inconvénient qu’on peut éviter en donnant à ces banques la faculté de payer en billets de la Banque d’Angleterre 1. »

Il est encore vrai que les banques uniques ont sur les banques multiples l’avantage de pouvoir compter sur l’assistance du gouvernement des mesures extraordinaires ne

manquent jamais d’être prises en leur faveur lorsqu’elles ne peuvent se tirer d’affaire elles-mêmes. Mais il faut considérer à quel 1. Principes d’économie politique, t. II, p. 211. prix se donne cette assistance c’est ce dont nous allons parler ci-après.

. Alliance d’intérêts avec l’État. L’État qui concède à une banque le privilège de l’émission, est à même d’exiger de sa part des services qu’il ne saurait obtenir aussi commodément de la part des banques multiples. C’est le prix du prestige et du crédit que procure le monopole. Il s’établit ainsi entre la Banque et l’Etat une liaison d’intérêts et d’affaires de finances que nous devons examiner afin d’en apprécier la valeur et les effets.

Il se rencontre des cas où l’assistance d’une banque n’a rien qui ne se justifie. S’il s’agit d’aider le gouvernement dans la négociation de ses emprunts, de couvrir certaines dépenses en attendant la rentrée des impôts, ou de faciliter des opérations de trésorerie, ces actes ne présentent point d’inconvénientsqui doivent engager à s’en abstenir. Il est avantageux que l’Etat puisse recourir à l’assistance d’une banque, lorsqu’il est appelé à se défendre contre un ennemi extérieur ou intérieur, ou à réparer quelque grand désastre, et qu’il se trouve dans l’impossibilité de se procurer les ressources nécessaires par l’impôt ou l’emprunt public. Les objections s’élèvent lorsque cesrelations dépassent la juste mesure. Des gouvernements se sont fait remettre le capital des banques, en totalité ou en partie, et leur ont donné en échange des titres de rentes. Dans le cours de leur existence, les banques, ayant besoin du renouvellement de leur privilège, ne l’ont obtenu qu’en ajoutant un nouveau prêt au prêt. primitif et, ayant besoin de la bienveillance de leur débiteur, elles n’ont pas réclamé le remboursement de leur créance. Les prêts de ce genre ont pour les gouvernements un double attrait ils leur facilitent le moyen defaire ce qu’ils veulent, et de plus « les titresde ces créances, comme aditJ.-B.Say, n’étant pas disponibles, ne peuvent entrer sur le marché, c’est-à-dire à la Bourse, en concurrence avec les titres des autres créanciers ils n’augmentent point la quantité offerte de cette espèce de marchandise et ne contribuent pas par conséquent à la déprécier. Or, les gouvernements attachent un grand prix à ce que les titres de leur dette ne soient pas dépréciés ; ils en font, quoique à tort peutêtre, la mesure de la confiance qu’on leuraccorde 1. »

Il est arrivé encore, soit dans une mauvaise situation financière, soit dans des circonstances calamiteuses, que les États, au

i. Cours d’économie politique, troisième partie, chap. XIXe