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Page:Say - Chailley - Nouveau dictionnaire d’économie politique, tome 2.djvu/252

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dépôt de mendicité est une solution qui a échoué. L’expérience des colonies agricoles est périlleuse : on en connaît l’histoire (V. Colonies agricoles). Peut-être faudrait-il, selon nous, recourir à la relëgation, dès la première ou la deuxième récidive ; non pas cependant à la relégation définitive et uniforme : il y aurait lieu, à l’arrivée dans le pays de destination, de faire subir un stage d’épreuve a l’expiration duquel une sélection s’opérerait entre ceux qui sont susceptibles d’amendement, ou plutôt entre ceux qui, incapables d’efforts soutenus dans leur pays d’origine, retrouveraient un peu d’énergie et de volonté, en face d’une civilisation neuve et au milieu d’un état social différent -et, d’autre part, ceux qui seraient jugés absolument incorrigibles. Aux premiers on pourrait accorder un allégement de situation, allouer des concessions de terrain, voire même donner éventuellement une grâce complète. Aux seconds il n’y a que le travail forcé qui puisse convenir.

En écrivant les lignes qui précèdent, nous n’avons pas la prétention de donner une solution définitive, mais seulement de tracerquelques données générales. Sans doute on a résolu ailleurs le problème d’une manière différente, et presque avec succès. En Angleterre, par exemple, dans chaque workkouse, se trouve un quartier spécial, le casual ward, pour les vagabonds ; ceux-ci sont retenus pendant un laps de temps qui ne peut excéder deux jours ; ils sont enfermés dans des cellules où ils doivent fournir un travail ingrat et pénible, et où ils reçoivent une nourriture à peine suffisante. Ce système, qui d’ailleurs a amené une diminution notable du nombre des vagabonds, est qualifié d’assistance ; il est, en réalité, une répression qui a le tort de se revêtir du caractère charitable. Nous préférons la condamnation à cette assistance pénale de nature hétéroclite ; nous aimons mieux le pénitencier que cet internement dur et rigoureux dans un établissement d’assistance.

En résumé, la mendicité puisant son origine dans la misère ou dans la paresse, il faut lui appliquer un remède approprié à la cause qui la provoque. S’il y a seulement misère, il faut chercher à la guérir, soit en fournissant l’assistance, soit même en tolérant la me-ndicité ; s’il y a un mélange de misère et de paresse, il faut châtier, mais doucement ; si enfin il y a paresse incorrigible, il faut une répression sévère. De là l’obligation pour les autorités chargées soit de la poursuite, soit du jugement, soit même de l’exétion de la condamnation, de distinguer nettement les diverses catégories d’individus,

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et de n’appliquer la répression que si elle est justifiée et dans la mesure où elle Test. Emile Chevallier.

MESTA. — V. Vaine pâture et Transhumance.

MÉTAUX PRÉCIEUX.

SOMMAIRE

. Fondement de la valeur des métaux précieux. . Variations constatées depuis un demi-siêcle dans la valeur des métaux précieux. La dénomination de métaux précieux pourrait s’appliquer à tous les métaux dont le prix est élevé, tels que l’iridium, le rhodium, le platine. Dans la langue usuelle, et aussi dans la langue économique, elle désigne seulement les deux métaux précieux le plus anciennement connus, l’or et l’argenL, qui sont aussi les deux principaux métaux monétaires.

Tout ce qui concerne l’usage monétaire de l’or et de l’argent est traité aux mots Circulation et Monnaie. Le présent article est consacré à l’examen du fondement de la valeur des métaux précieux, à l’historique des variations survenues dans cette valeur depuis un demi-siècle et à la recherche des causes qui ont provoqué ces variations. . Fondement de la valeur des métaux précieux. L’or et l’argent sont des marchandises. Leur valeur dépend, comme celle de toutes les autres marchandises, du rapport existant entre les quantités offertes et les quantités demandées. Ce n’est là, d’ailleurs, qu’une formule générale, dont la portée ne peut être bien saisie, si l’on ne se rend pas un compte exact des causes qui agissent sur Y offre et la demande (voy. ce mot) des métaux précieux.

Les métaux précieux servent à la fabrication des monnaies, des bijoux, de la vaisselle, de certains objets d’art ; ils entrent dans la confection de certaines étoffes. Leur principal usage est l’usage monétaire. Les services qu’ils rendent comme instruments de la circulation sont , du moins dans les sociétés civilisées, la cause la plus active de la demande qui en est faite et, par suite, l’élément le plus important de la valeur qui leur est attribuée. La demande des métaux précieux pour la fabrication des monnaies dépend essentiellement de l’activité de la circulation. Une augmentation considérable peut néanmoins se produire dans les affaires d’un pays sans que la demande des métaux précieux pour la frappe augmente dans la même proportion, ou même dans une proportion notable ; il est même possible que le